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Pouvons-nous trouver les bons partenariats pour assurer le fonctionnement des centres d’apprentissage des TIC en milieu rural ?

Autorité locale : Ville de Kigali
Pays : Rwanda

Kigali compte de nombreux jeunes. Cependant, leur niveau des compétences numériques est hétérogène. Tandis que certains sont numériquement habiles, d’autres s’intéressent aux technologies de l’information et de la communication (TIC) mais manquent de compétences pour les utiliser correctement. La ville de Kigali (CoK) souhaite donc résorber la fracture numérique et familiariser les jeunes aux TIC pour promouvoir la participation citoyenne et la cohésion sociale.

Le plan d’action local de la ville de Kigali est axé sur la création d’un réseau de centres de TIC pour les communautés rurales sans autres accès à des ordinateurs. Ces centres se situeront dans des endroits publics stratégiques, où chacun pourra avoir accès à un ordinateur, à Internet et à d’autres technologies pour développer ses compétences et chercher du travail.

La phase d’expérimentation visait à tester cette approche dans un lieu pilote spécifique. L’équipe locale voulait trouver des cours de formation populaires et utiles, évaluer le nombre de jeunes pouvant s’y rendre et étudier la composition démographique des participants. Elle souhaitait également trouver le bon modèle économique pour couvrir une partie des dépenses opérationnelles, notamment en incitant les partenaires locaux à participer par un financement direct ou un soutien en nature.

HYPOTHÈSES :
• Nous pensons que le centre de TIC peut trouver le bon modèle économique pour couvrir ses dépenses opérationnelles (ménage, eau, électricité, etc.)

• Nous pensons que certains partenaires locaux sont susceptibles de financer le reste des charges (connexion internet, formations, salaires, etc.)

Comment le groupe d’action local a-t-il testé la solution ?

• En signant un marché pour la rénovation et l’équipement de l’espace identifié dans le secteur de Nduba.
• En contactant diverses organisations susceptibles de les aider à mettre en place le centre, parmi lesquelles des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) avec lesquels l’équipe se sentait en confiance pour collaborer grâce à de récents projets réalisés ensemble.
• En rencontrant une ONG axée sur les jeunes ayant déjà un accord avec la ville de Kigali. L’ONG a accepté de développer des modules de formation pour le centre de TIC et de mobiliser du personnel gratuitement pour dispenser les formations durant la phase pilote.
• Le centre a ouvert sans responsable dédié tandis que les discussions sur les ressources se poursuivaient.

Quels enseignements ?

De nombreux problèmes d’approvisionnement ont repoussé l’ouverture du centre. L’équipe a dû faire face à plusieurs défis en matière d’approvisionnement. Elle a tout d’abord voulu utiliser un contrat d’appel d’offres d’équipements TIC déjà existant, mais comme seuls les ordinateurs y figuraient, un nouveau processus d’achat plus long a dû être lancé. Ensuite, la livraison des meubles a subi un retard car les articles demandés n’étaient pas les mêmes que ceux déjà installés. La ville a donc dû lancer un nouvel appel d’offres d’une durée maximale de 24 jours pour les nouvelles caractéristiques de meubles. Les problèmes d’achat se sont également étendus au recrutement du personnel de sécurité du centre, puisque les procédures administratives dans ce domaine se sont avérées lentes et mal adaptées aux besoins de la phase pilote.

L’autorité locale n’a pas réussi à former les partenariats stratégiques identifiés. L’équipe était convaincue que les modules de formation et les formateurs eux-mêmes seraient fournis dans le cadre de l’accord déjà en place entre la ville de Kigali et l’ONG précédemment mentionnée. Les choses se sont passées différemment : la ville a finalement reçu un devis d’un montant important pour la mise en place des modules de formation, et il lui a en outre été demandé de fournir elle-même les formateurs. Ce revirement a considérablement impacté la réalisation du centre, l’autorité locale estimant que de tels accords auraient pu être formalisés si la situation avant été connue plus tôt.

Trouver un responsable pour le centre TIC a été plus difficile que prévu. En plus des défis liés aux partenariats, la ville de Kigali a eu du mal à embaucher un responsable de centre. Elle pensait pouvoir utiliser du personnel du secteur de Nduba avant d’être informée que le processus de recrutement de ces contractuels prendrait plus de trois mois. Face aux difficultés à concrétiser un tel projet, l’équipe a fini par engager un stagiaire travaillant déjà avec le secteur pour gérer le site et dispenser une formation de base. Actuellement, la ville est en pourparlers avec l’Autorité rwandaise de la société de l’information (RISA) pour qu’elle détache un « ambassadeur numérique » en tant que futur responsable du centre de TIC.

Étudiants participant à une formation

L’hypothèse a-t-elle été validée ?

Non L’équipe a appris :

• qu’il n’a pas été possible d’engager des acteurs présélectionnés dans des partenariats public-privé pour réaliser les économies qu’elle espérait ;
• qu’il reste à voir si l’autorité publique peut trouver les moyens de fournir un responsable de centre et des formateurs, et créer des modules de formation pour les étudiants en interne ou à moindre coût.

Et après ?

La ville de Kigali souhaite changer sa stratégie d’enseignement en créant des modules en interne via le Département national des TIC et en les confiant à des stagiaires sélectionnés pour former les étudiants.

Néanmoins, l’autorité locale souhaite toujours poursuivre sa recherche de partenaires et signer des accords avec ceux désireux de soutenir le projet au titre de leur responsabilité sociale d’entreprise.

Une autre piste de réflexion vise à créer une équipe de direction distincte incluant des personnes extérieures à l’équipe municipale, telles que des partenaires du secteur public ou privé, pour permettre à ces derniers de mieux s’approprier le projet.