Données mobiles
Dans les pays à faible et moyen revenu – où la pénétration du haut débit fixe est faible – 57 % de ceux qui ont utilisé l’internet au cours des trois mois précédents l’ont fait exclusivement à partir d’un appareil mobile de poche1. Dans beaucoup de ces pays, l’infrastructure fixe à haut débit est peu développée et son coût est rédhibitoire. Entre-temps, d’autres villes proches de la côte sont reliées aux principaux câbles sous-marins des côtes nord et ouest du continent (SAT3, WASC, ACE et MainOne), avec des projets phares tels que le BAFO (African Fiber Optic Backbone), qui jettent les bases d’une infrastructure neutre du nord au sud, d’est en ouest à travers le continent.
Il est également intéressant de noter que les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest connectés aux quatre câbles sous-marins à fibre optique (SAT3/WASC, ACE, MainOne et WACS) sont parmi les mieux connectés du continent et les pays ayant les coûts les plus bas pour les utilisateurs (compétitivité accrue des opérateurs) malgré le faible déploiement des câbles terrestres.
Les pays situés sur le littoral, à proximité des câbles de fibre optique, ont un accès plus rapide à une connexion de facto moins chère. Depuis 2010, l’Afrique a rattrapé son retard en matière d’accès aux câbles à fibres optiques sous-marins. Outre les quatre projets de câbles sous-marins (CSM) mentionnés plus haut, qui relient l’Afrique de l’Ouest aux Amériques et à l’Europe en particulier, d’autres initiatives existent. Par exemple, l’East African Submarine Cable System (EASSy) est un réseau de 10 000 km de fibres optiques reliant l’Afrique du Sud au Soudan. En service depuis 2010, l’EASSy a étendu l’accès à internet à 20 pays africains côtiers et enclavés et a réduit les coûts de l’internet à haut débit de 90 %.
Par comparaison, le coût et les vitesses de téléchargement des données mobiles s’améliorent pour le continent africain, ce qui encourage encore plus leur adoption2. La connexion à l’internet mobile offre un potentiel important de croissance économique en Afrique. La question de savoir si une augmentation de la pénétration du haut débit mobile en Afrique entraîne une augmentation correspondante du PIB par habitant fait l’objet d’un débat. Dans les pays à faible revenu, l’impact est faible, mais dans d’autres, il correspond jusqu’à 2,5 % d’augmentation du PIB pour une augmentation de 10 % de la pénétration de la téléphonie mobile3.
En Afrique subsaharienne, sur les cinq années précédant 2019, les opérateurs de téléphonie mobile ont investi en moyenne huit milliards de dollars par an pour développer les réseaux 3G et 4G, alors que les dépenses totales en infrastructures s’élevaient à environ 60 milliards de dollars par an pour l’ensemble du continent africain4. La couverture est beaucoup plus susceptible d’être concentrée dans les villes africaines, car celles-ci ont plus de chances d’être proches de l’infrastructure internet mondiale et de bénéficier d’investissements plus importants dans les communications.
Il n’est pas raisonnable de s’attendre à ce que la technologie 5G soit largement déployée en Afrique dans un avenir proche. La connexion 4G, par exemple, en est encore aux premiers stades du déploiement sur le marché de masse, où l’adoption relativement faible est liée au prix, même lorsque les investissements en infrastructures sont élevés. Le développement de la technologie 5G est associé à de nouveaux types d’interaction numérique, car elle peut remplir les mêmes fonctions que la 4G, mais plus rapidement, de manière plus fiable et à une échelle beaucoup plus grande. La 5G permet le développement de technologies de données de plus en plus nombreuses, notamment en ce qui concerne les économies actuellement desservies par la 2G ou la 3G. La 5G permet de transformer l’économie et la société et peut également être utilisée pour contourner les infrastructures fixes à haut débit, qui ne sont pas très développées dans les contextes africains.
Bien que cela n’ait pas encore été formalisé, il est prévu que, d’ici 2025, les services commerciaux 5G seront présents sur au moins sept marchés d’Afrique subsaharienne, dont le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud, ce qui équivaut à 3 % du total des connexions mobiles entre ces pays5. La GSM Association fait valoir qu’un tel retard dans l’adoption de la 5G permettra à la technologie de mûrir et d’être pleinement testée avant son adoption, et permettra également au prix des équipements associés de diminuer proportionnellement. Elle affirme que les gouvernements devraient anticiper le développement de leurs services numériques en gardant à l’esprit la connexion de la prochaine génération6.
1. GSM Association, (2019). The State of Mobile Internet Connectivity 2019. Consulté à l’adresse suivante : https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/ uploads/2019/07/GSMA-State-of-Mobile-Internet-Connectivity-Report-2019.pdf
2. GSMA, (2019). The State of Mobile Internet Connectivity 2019. Consulté à l’adresse suivante : https://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/ uploads/2019/07/GSMA-State-of-Mobile-Internet-Connectivity-Report-2019.pdf
3. ITU, (2019) Economic contribution of broadband, digitization and ICT regulation. Consulté à l’adresse suivante https://www.itu.int/dms_pub/itu-d/opb/ pref/D-PREF-EF.BDT_AFR-2019-PDF-E.pdf
4. African Economic Outlook (2018) Africa’s Infrastructure: Great Potential But Little Impact on Inclusive Growth. Consulté à l’adresse suivante : https://www. afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/2018AEO/African_Economic_Outlook_2018_-_EN_Chapter3.pdf
5. GSMA, (2019). 5G in Sub-Saharan Africa: laying the foundations. Consulté à l’adresse suivante : https://www.gsmaintelligence.com/research/?- file=7d4569ab4c1f69b82e9ad8f179ba92ef&download
6. GSMA, (2019). 5G in Sub-Saharan Africa: laying the foundations. Consulté à l’adresse suivante : https://www.gsmaintelligence.com/research/?- file=7d4569ab4c1f69b82e9ad8f179ba92ef&download