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Les jeunes et la transition numérique : 5 perspectives de villes africaines


Cet article est le premier d’une série de deux articles tirés du webinaire public de l’ASToN « La jeunesse africaine — gagnante ou perdante de la transition numérique ? ». Au cours de cette rencontre, nous avons exploré les effets de la transition numérique — accélérée par la pandémie de COVID-19 –, sur des jeunes de villes du réseau ASToN, et nous avons réfléchi aux moyens de mieux leur permettre d’être les citoyens de demain.



Actuellement, la jeunesse est un sujet très important en Afrique, et à juste titre ! Le terme « jeunesse » englobe plusieurs définitions, mais indépendamment de celle choisie, les jeunes représentent la majorité de la population africaine et l’Afrique a la plus jeune population au monde.

Voici 5 perspectives extraites de l’événement sur la jeunesse et la transition numérique.


1. Les villes africaines sont à différents stades de transition numérique.

ASToN est un réseau de 11 villes africaines engagées dans un processus de transition numérique. Kigali (Rwanda) vise à devenir un centre d’excellence urbaine dans la région et le gouvernement national a déjà numérisé 300 services gouvernementaux qu’il propose via un portail en ligne appelé IREMBO (« passerelle » en kinyarwanda). Il doit encore améliorer le niveau de compétences numériques des jeunes pour renforcer l’adoption des services numériques et l’employabilité. Quant à Benguerir (Maroc), la ville bénéficie de la proximité des plates-formes de recherche et d’apprentissage numérique offertes par l’Université Mohammed VI Polytechnique, mais elle lutte toujours contre les clivages socio-économiques entre sa vieille ville et sa nouvelle ville verte, un problème qui touche particulièrement les jeunes.


2. Malgré ses défis, la COVID-19 a offert de nouvelles opportunités numériques.

La pandémie a eu un impact disproportionné sur l’éducation, certaines écoles ont même été fermées pendant six mois. Les villes ont toutefois réussi à opérer une transition vers les outils numériques. Par exemple, l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir a offert un accès gratuit à ses plates-formes d’apprentissage à distance pour aider des milliers d’apprenants et d’enseignants suite à la suspension des cours en présentiel. La ville fournit également un accès wi-fi gratuit dans les espaces publics et dans les autocars pour que les étudiants puissent suivre leurs cours pendant leurs déplacements. Au-delà de l’éducation, la pandémie a affecté les villes d’autres manières. Les services importants de Bamako (Mali), où une grande partie de la population est employée dans le secteur des services et vit en périphérie de la ville, ont été fortement touchés. La ville a toutefois été en mesure de lancer un site web pour aider les jeunes à se renseigner sur les CV et possibilités d’emploi.


3. Les jeunes peuvent s’associer aux dirigeants municipaux pour assurer la transition numérique.

Le projet de rénovation urbaine et de propreté de Niamey (Niger) — Niamey Nyala (qui signifie « Niamey la Coquette » ou « Pretty Niamey ») –, implique les jeunes dans la création de cartes dynamiques de la ville et d’applications permettant de participer activement au processus de développement urbain. Grâce à ces applications, les citoyens peuvent partager les problèmes qu’ils observent, proposer des solutions et suivre leur mise en œuvre. De même, à Kigali, des étudiants universitaires maîtrisant les outils numériques participent à la création de cartes et de relevés topographiques pour la ville. Le Rwanda a également développé un Programme d’ambassadeurs numériques visant à recruter des jeunes pour former directement les citoyens à l’accès à l’administration en ligne et à d’autres services numériques dans leurs communautés locales. Ces partenariats ne se limitent pas uniquement à des projets à long terme. Même dans la réponse immédiate à la COVID-19, ces villes ont travaillé avec des jeunes volontaires et des organisations pour diffuser des informations à leurs pairs et fournir des services essentiels à leurs communautés. À Benguerir, les jeunes ont participé à une campagne d’information en créant des vidéos promotionnelles sur la COVID-19, et au déploiement d’une application de suivi des contacts pour la gestion de la crise.


4. Quel que soit leur stade, les villes peuvent devenir un banc d’essai pour les jeunes innovateurs.

L’application de suivi des contacts de Benguerir ou les respirateurs artificiels développés pour les cas de COVID-19 illustrent bien comment les villes peuvent devenir un banc d’essai pour les jeunes innovateurs. Ces innovations ont été développées au sein de l’université de la ville. Dans d’autres villes comme Niamey, les solutions pour le projet Niamey Nyala ont été développées en partenariat avec des start-ups et des jeunes entrepreneurs. D’autres villes dont le secteur technologique est naissant, comme Bamako, expérimentent ou planifient des hackathons (marathons de programmation). Quel que soit leur stade de croissance, les villes peuvent devenir des bancs d’essai qui catalysent l’innovation chez les jeunes.


5. Malgré les succès, les villes doivent encore relever d’énormes défis.

Les villes mettent en place des politiques impliquant spécifiquement les jeunes afin de relever des défis tels que le manque d’accès aux appareils, les compétences limitées, le coût de l’accès à Internet et autres services, et la cybercriminalité. Les villes doivent également sensibiliser aux fake news et certaines villes, comme Benguerir, organisent des campagnes sur WhatsApp pour partager des informations vérifiées de la ville. Dans des villes comme Bamako, le secteur numérique n’a pas été délégué à l’administration municipale, ce qui donne aux dirigeants de la ville un pouvoir de décision très limité. Ils s’efforcent toutefois d’intégrer la transition numérique dans leurs plans de développement socio-économique pour les 5 prochaines années.
Un enregistrement de l’événement est disponible ici.


Vous pouvez également lire la deuxième partie de cette série sur les provocations et les pistes à suivre pour que les maires des villes du réseau ASToN travaillent avec les jeunes de leurs villes.