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La vision de Kigali, centrée sur le citoyen, pour la transformation numérique


En novembre 2021, le réseau ASToN s’est rendu à Kigali pour l’ASToN City Week. Ce réseau regroupe des représentants de 11 villes africaines qui travaillent sur des projets numériques pour créer des villes durables et inclusives.


L’un des objectifs du réseau est de permettre aux villes d’apprendre les unes des autres. Tout au long de la pandémie de Covid-19, le réseau ASToN s’y est employé en se réunissant régulièrement en ligne. Maintenant et pour la première fois en deux ans, nous avons eu l’occasion de nous rencontrer en personne à Kigali (Rwanda). Cet événement a permis aux participants de voir de leurs propres yeux comment Kigali aborde la transformation numérique.

Au cours de la semaine, nous avons entendu le maire de Kigali, le ministère des TIC et de l’innovation, ainsi que divers partenaires et des start-ups impliqués dans le développement numérique de Kigali et la transformation des services gouvernementaux. Les progrès réalisés au cours des 10 dernières années sont frappants et ont été portés par l’ambition d’adopter les outils numériques et de mettre en ligne tous les services aux citoyens, ce qu’ils espèrent réaliser au cours des prochaines années. La ville veut réaliser cette démarche pour s’assurer que les services sont davantage axés sur les citoyens, qu’ils les atteignent plus facilement et que leur fonctionnement est plus efficace.

La 4G s’étend désormais sur 95 % du territoire, et les Rwandais peuvent désormais accéder à plus de 100 services gouvernementaux en ligne. Les bus acceptent le paiement sans espèces et le Wi-Fi est fourni gratuitement dans les espaces publics, tels que la nouvelle rue piétonne du centre-ville de Kigali.



Zone piétonne KN4 dans le centre ville de Kigali


Après une présentation impressionnante par Alice Higiro, directrice de programme au ministère des TIC et de l’innovation, les membres du réseau ASToN avaient de nombreuses questions.

Comment les citoyens ont-ils réagi à ces services visant à améliorer leur vie ?

Comment financez-vous tous ces projets ?

Quels défis avez-vous rencontrés, et quels ont été les ingrédients du succès ?

Voici les 4 messages clés que nous avons tirés de l’expérience de Kigali :


1. Garder le citoyen au centre

Le message de notre orateur était fort et clair : la clé du succès est de se concentrer sur les besoins des citoyens. Notre objectif est de nous assurer qu’ils vivent une bonne expérience plutôt que d’avoir une vision du sommet vers la base, des besoins du gouvernement. Et la directrice d’ajouter : « Si vous travaillez sur des projets qui ne servent que le gouvernement, ça va rester coincé quelque part. »

Le ministère a mené des recherches pour comprendre le point de vue des citoyens et a dressé un tableau de la manière dont la technologie pourrait être utilisée pour y répondre. Par le biais d’enquêtes régulières, les membres du ministère invitent les citoyens à donner leur avis, ce qui aide le gouvernement à établir des priorités, à mettre en place des services qui fonctionnent et à obtenir l’adhésion à de nouveaux projets. Plus récemment, la ville de Kigali a créé un portail des citoyens à l’aide de l’application française Tell My City, qui fournit aux citoyens une ligne directe avec l’autorité locale.

Le mantra « zéro voyage, zéro papier » témoigne de l’engagement à aider les citoyens à accéder aux services sans perdre de temps en déplacements et sans paperasse inutile. Il est important de noter que si l’utilisation des services numériques fait l’objet d’une incitation manifeste, ceux qui n’ont pas de téléphone ou de données peuvent également accéder aux nouveaux services par l’intermédiaire d’agents positionnés dans tout le pays.


2. Établir une vision claire et fédératrice

Une vision unique peut rassembler les différents échelons de gouvernement et enrôler efficacement les niveaux locaux et de base. Cela permet à chacun de comprendre le rôle qu’il joue dans la fourniture du changement. Au Rwanda, le gouvernement national a défini sa vision dans le Plan directeur 2020, et plus récemment dans le Plan directeur 2050.



Galerie du Plan Directeur de la ville de Kigali


Ces plans établissent des cadres et des indicateurs de performance partagés qui permettent aux nombreux départements du gouvernement d’avancer dans la même direction. Des responsables du service numérique ont été mis en place pour gérer les projets à différents niveaux du gouvernement, en veillant à la cohérence et à l’homogénéité.


3. Explorer une combinaison de modèles de financement

Le financement est une préoccupation majeure pour les villes du réseau ASToN et notre orateur nous a encouragés à explorer de nombreuses façons de financer ce travail. Pour le Rwanda, il s’agit notamment de financements mixtes provenant du gouvernement, de la Banque mondiale, de l’Alliance Smart Africa et de bien d’autres structures.

Dans d’autres cas, les projets numériques s’autofinancent grâce à des partenariats public-privé. Irembo est le portail en ligne unique du gouvernement. Il est développé et géré pour le gouvernement par un partenaire privé dans le cadre d’un contrat « Build-Operate-Transfer ». Il travaille main dans la main avec les institutions gouvernementales pour développer des services numériques : de l’obtention d’un passeport à la réservation d’une visite au musée du génocide. Irembo/la société prend un pourcentage des revenus collectés, ce qui signifie que le portail fonctionne avec des incitations partagées pour des transactions réussies et efficaces.


4. Croire en votre secteur privé

Notre orateur a incité la délégation d’ASToN à donner aux jeunes et au secteur privé les moyens de développer des solutions et de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement. Cela signifie qu’il faut être très clair à propos des problèmes sur lesquels le gouvernement se concentre, et inviter le secteur privé à trouver des moyens de les résoudre.

Par exemple, Tap&Go est une start-up rwandaise qui a mis au point le système de paiement sans espèces désormais disponible dans les bus de Kigali. Une partie du succès de Tap&Go s’explique par la proximité d’AC Group, la société à l’origine de Tap&Go, avec les problèmes urbains de Kigali. La société cherche maintenant à étendre son produit à d’autres pays, notamment au Cameroun.


Ecrit par Alice Carter.