ASToN City Week Kigali : les bienfaits des rencontres en personne
En novembre 2021, le réseau ASToN s’est rendu à Kigali pour l’ASToN City Week. Ce réseau regroupe des représentants de 11 villes africaines qui travaillent sur des projets numériques pour créer des villes durables et inclusives.
Nous nous félicitions de la présence des 11 villes malgré tous les aléas rencontrés. C’est la première fois que le réseau se réunit au complet depuis son lancement à Kampala en 2019. Depuis, nous avons maintenu le contact en ligne de différentes manières : réunions en tête-à-tête, sessions d’apprentissage organisées dans tout le réseau, réunions à thème rassemblant plusieurs villes (certaines de ces réunions ont également eu lieu en présentiel). Cette fois-ci, c’était la première fois depuis plus de deux ansque l’ensemble du réseau se réunissait pour partager et apprendre.
Cette semaine a été pour nous l’occasion de nouer des liens, de discuter de nos différents projets et expériences, et d’évoquer les dernières phases du projet ASToN.
À présent que nous sommes rentrés chez nous, dans nos villes respectives, nous avons réfléchi aux principaux enseignements de ces magnifiques jours que nous avons passés ensemble. En voici trois :
1. Les échanges entre homologues sont un excellent vecteur de transmission des connaissances, d’autant plus en personne.
L’ASToN City Week a permis aux villes de rattraper leur retard et de se présenter mutuellement leurs travaux, ce qui a eu un effet très positif.
Lors des événements de l’ASToN, nous aimons mélanger des formats éprouvés et de nouveaux formats. Le premier jour, nous avons expérimenté deux nouveaux formats : une exposition et une séance de coaching mutuel.
L’exposition était une installation physique que nous avons créée pour que les villes puissent se faire une idée — de façon attrayante –du travail accompli par les autres membres et des défis actuels. Chaque ville a rédigé des textes et fait des dessins et schémas en respectant un modèle donné, tout en ajoutant des notes pour présenter ces informations. Ces affiches ont ensuite été disposées à l’extérieur de la salle, créant ainsi un espace individuel pour chaque ville. Le principe était de pouvoir se déplacer à l’extérieur de la pièce, comme dans un musée, et de se déplacer physiquement entre les panneaux des différentes villes.
Le coaching mutuel a permis aux villes de présenter leur situation actuelle et de recueillir des commentaires. Les villes ont été réparties en trois groupes, chacun ayant été invité à présenter son travail aux autres. Chaque ville a pris place à tour de rôle devant le panneau qu’elle avait réalisé pour s’en servir comme d’une scène pour s’adresser à l’ensemble du groupe.
En face, le public devait poser des questions et formuler des commentaires positifs et négatifs. Certains intervenants ont également été invités à poser des questions en incarnant des personnages donnés au début de l’exercice. Par exemple, certains ont endossé le rôle de citoyens et ont été invités à réfléchir à des questions pouvant être posées par des citoyens (par exemple en ce qui concerne l’impact du plan d’action local sur l’avenir de la ville et la manière dont le projet pourrait répondre à leurs préoccupations et attentes). D’autres ont endossé le rôle de journalistes, d’investisseurs et de responsables techniques.
Le coaching mutuel a rencontré beaucoup de succès et suscité beaucoup d’enthousiasme, les villes ayant apprécié cette occasion de présenter leur travail aux autres, de recevoir des commentaires et d’établir des liens entre leur travail et celui des autres. En effet, tout au long de la rencontre, les villes ont découvert de nombreux points communs entre elles et nous avons assisté à de nombreux débats et discussions, notamment sur le thème de la durabilité.
Nous avons été ravis de voir se concrétiser le principe d’apprentissage par l’émulation, surtout après avoir passé beaucoup de temps à élaborer ce projet sur Zoom.
2. Si d’autres l’ont fait, vous aussi en êtes capables : en voyant le travail et les initiatives de Kigali en action, d’autres villes ont voulu s’en inspirer.
L’un des avantages de réunir tout le monde dans une même ville est que cela permet de comprendre réellement les actions menées par les pouvoirs publics locaux et de cerner l’écosystème numérique de la ville. Kigali a beaucoup de choses à partager.
Par exemple, le premier jour, nous avons été accueillis par le maire de Kigali, Pudence Rubingisa, qui nous a présenté le plan de développement de la ville, et le ministère des TIC et de l’innovation nous a fait une présentation. Les élus de notre délégation ont apprécié de découvrir comment d’autres responsables politiques ont abordé le développement de Kigali.
Par la suite, nous avons également rencontré certains des partenaires du secteur privé avec lesquels le Rwanda a travaillé, notamment Irembo et Citizen Portal. Nous savons que ces présentations sont utiles aux villes, car elles leur permettent de se faire une idée des possibilités qui s’offrent à elles et leur montrent souvent que les solutions qu’elles souhaitent mettre en place existent déjà.
Elles permettent également de montrer comment les autorités nationales ou locales peuvent mettre en place des solutions avantageuses pour le secteur privé, telles que le « Build-operate-transfer » (BOT) ou d’autres formes de partenariats public-privé. Irembo a conclu un contrat de type BOT avec le gouvernement rwandais pour fournir plus de 100 services aux citoyens via le portail numérique Irembo Gov, et perçoit une petite commission sur chaque transaction.
Enfin, notre présence à Kigali nous a permis de découvrir certaines des innovations majeures que recèle la capitale rwandaise. Le vendredi, par exemple, nous avons rencontré l’équipe d’Ampersand, une entreprise ayant fait l’objet de nombreuses discussions au sein du réseau. Ampersand a très récemment reçu un financement de 9 millions de dollars alors qu’elle commençait à peine à se développer il y a quelques années. Certains des messages d’Ampersand ont trouvé un écho certain auprès des villes qui commencent à expérimenter leurs propres solutions : commencez modestement, validez votre modèle, puis cherchez à le développer.
En prime, nous avons aussi eu l’occasion de conduire quelques-unes de leurs motos électriques ! Nous avons été impressionnés par leur silence et leur facilité d’utilisation, et avons réellement eu l’impression d’assister à la naissance de la mobilité de demain. Sur le plan politique, le gouvernement rwandais s’est fixé comme objectif de remplacer toutes les motos à moteur thermique d’ici 2025, donc dans un avenir très proche.
Le personnel de la ville de Kigali nous a accueillis à bras ouverts, et non seulement nous nous sommes sentis très bien accueillis, mais nous avons également découvert certains des projets qui ont été menés à Kigali ces dernières années. Ces initiatives sont aussi admirables que riches en enseignements, et les villes ont certainement bénéficié de ce nouveau regard.
3. La fin de l’ASToN soulève de nombreuses réflexions et suscite une certaine appréhension.
Nous voulions absolument évoquer l’avenir du réseau, et plus précisément la fin de l’ASToN, puisque le projet s’achèvera officiellement au premier semestre 2022.
Nous avons organisé un atelier de cocréation avec les membres du réseau afin de déterminer comment se déroulera le processus de dissolution de l’ASToN. Nous avons proposé plusieurs questions et laissé à chaque participant le temps de réfléchir à des réponses. Les questions étaient les suivantes :
● Comment pouvons-nous approfondir nos connaissances en tant que réseau au cours des 6 prochains mois ?
● Comment pouvons-nous mettre un terme au projet de la meilleure façon possible ?
● Comment faire en sorte que les fruits du projet ASToN restent visibles, tangibles et utiles ?
● Nous ne pouvons pas mettre un terme au projet ASToN sans…
● Pendant les 6 derniers mois, ma ville aura besoin que le réseau…
● Ma principale préoccupation est…
De nombreuses idées nous ont été proposées, qu’il s’agisse d’apprendre à mieux communiquer ensemble, de constituer un catalogue des expériences de l’ASToN ou de continuer à renforcer les liens entre nos villes.
Dans l’ensemble, les villes ont manifesté leur désir de voir leurs activités locales ainsi que les collaborations établies au sein du réseau depuis deux ans perdurer au-delà de l’ASToN.
Et après ?
Il reste beaucoup de travail à accomplir avant de mettre un terme au projet. Les villes sont sur le point de commencer à mettre en pratique leurs idées de solutions dans la phase finale du projet ASToN, avant de continuer à mettre en œuvre leurs programmes une fois le projet terminé. En attendant, elles participeront à des manifestations d’apprentissage et de réflexion, et retrouveront les villes travaillant sur les mêmes thématiques qu’elles lors de réunions dirigées par des experts.
La City Week (« semaine des villes ») venait à point nommé, car nous entrons dans la phase finale du projet, au cours de laquelle les idées ont vraiment commencé à fleurir et où nous avons beaucoup d’expériences à partager.
Nous savons également qu’il n’est pas facile de faire bouger les choses au sein des collectivités locales, et qu’un contact humain en dehors de Zoom (que ce soit autour d’un cocktail, d’un déjeuner ou d’une promenade en ville) peut vraiment donner de l’énergie et aider à se sentir soutenu dans cette démarche difficile. Alors, si vous œuvrez à réunir les acteurs du changement, voire les représentants des municipalités, ne négligez pas le potentiel des rencontres en personne. Cette semaine passée tous ensemble nous a été très bénéfique.
Article écrit par David Vigoureux.